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Réflexions cartesiennes d’un Ostéopathe des Mammifères au sujet du principe vital en médecine

mercredi 24 janvier 2018 par Erich Degen

CONFÉRENCE À TROIS VOIES : La voie du marcheur, la voie du rebelle , la voie du professeur .

J’ai de la chance… j’ai même beaucoup de bol, parce que j’ai deux casquettes… et grâce à ces deux casquettes, j’ai eu la chance de recevoir deux magnifiques tartes à la crème.

Ma première casquette, c’est celle de vétérinaire, et en tant que vétérinaire, voici la tarte que, très jeune, j’avais à peine plus de vingt ans, j’ai prise dans la figure : « Ah ! vous êtes vétérinaire ! oh mais, c’est très difficile ça, beaucoup plus que médecin, parce que les animaux hein !? ils ne parlent pas ! » … innocent mais déjà rebelle aux préjugés, je grommelais souvent en guise de réponse : « Ouais, mais comme ça leur évite de dire des conneries ! » … j’ai appris depuis et compris que, bien entendus, les animaux parlent, mais pas avec nos mots, il suffit de chercher à les entendre vraiment, et ça tombe bien pour moi, car c’est là tout l’apanage des vétérinaires, non ? …

Deuxième casquette, c’est celle d’ostéopathe, et en tant qu’ostéopathe, j’ai reçu une plus belle tarte encore, avec une cerise sur la crème, miam, et ça disait :

« L’ostéopathie ? oh ! c’est très très bien, mais moi je n’y crois pas, vous comprenez !? moi je suis cartésien ! » … celle-là, j’ai mis quinze ans à sucer la cerise et la digérer, parce que spontanément j’avais juste envie de répondre : « Ouais, eh bin moi ! c’est justement parce que je suis cartésien que je suis ostéopathe ! » … et que je sentais bien que cette réponse aurait été un peu courte, un peu trop vindicative aussi, or depuis mes jeunes années de vétérinaire, grâce à l’ostéopathie justement, j’avais appris la patience … et la Paix.

Le temps de cette conférence sera donc entièrement occupé par une explication de cette courte réponse, en résumé : « je fais de l’ostéopathie et je suis cartésien ! ouais et alors ? y a un problème ? » et si je me trouve à raconter tout ceci devant un public profane ou presque, ce n’est pas faute d’avoir essayé de le dire à mes collègues, mais vous savez ce que c’est ? Ici, en France, dès que vous avez deux casquettes, on vous soupçonne d’avoir la grosse tête et ça le fait pas … alors, après en avoir parlé aux vétérinaires, aux ostéopathes, aux vétérinaires-ostéopathes même, et n’avoir récolté au mieux que des sourires protecteurs ou amusés, ce dont je les remercie bien ; après avoir enseigné l’ostéopathie comparée à des jeunes vétérinaires puis à des jeunes ostéopathes, et là, ça n’a été que du bonheur, tant l’écoute et le plaisir partagés étaient le plus souvent au rendez-vous, mais, mon souci, voyez-vous, c’est que, ces élèves, gavés dans la salle juste à côté par la vision dogmatique de la Médecine moderne, est-ce que je ne les embrouillais pas avec mes idées d’un autre âge ? bref ! après avoir fait tout cela, je vais faire ici ce que je fais quotidiennement avec les humains et les animaux qui passent me voir pour que je les soigne, je vais tenter de faire apparaître pour votre plus grand profit ce que m’a enseigné la pratique cartésienne de l’ostéopathie avec les mammifères depuis vingt-cinq ans.

Tout en sachant que je risque de perdre du monde tout de suite en faisant si fort référence à René Descartes … c’est qu’il n’a pas super bonne presse, pépère, ce qui n’empêche que l’adjectif le rappelant, cartésien, soit utilisé à tort, à travers et le plus souvent de façon positive … tempis, tanmieux, je ne crains rien car je vais compter ici sur votre curiosité et sur votre absence d’a priori.

Finalement, il faudra examiner d’un peu plus près la seconde tarte à la crème dont je parlais juste avant. Elle peut nous en apprendre beaucoup, car … qu’est-ce que veut donc dire et dit celui qui dit : « je ne crois pas à l’ostéopathie parce que je suis cartésien » ?

Pour préciser d’où je me place quand je discute de ça, je vais vous raconter tout le chemin parcouru depuis l’École Vétérinaire.

En 1983, donc, j’en sors enfin. « Enfin », car ça n’avait pas été un passage glorieux ni riant, euh… on peut dire ça comme ça. À Maisons-Alfort, j’avais été choqué, mais plus par la façon, péremptoire, de nous dire les choses que par les choses elles-mêmes qu’on nous avait apprises. J’étais alors aussi jeune et rebelle que naïf, et j’étais loin de me douter de ce qui allait suivre.

J’en ai juste eu un échantillon durant les cinq années où j’ai exercé sincèrement mon métier de vétérinaire. À cette époque, ma vie se situant à Paris, j’étais vétérinaire de ville. Là, je me suis trouvé rapidement désorienté, à force de faire des piqûres dans des chiens et des chats, sans trop piger ce que je faisais ni être bien certain que je faisais du bien à ces animaux. Malgré tout, j’ai eu la chance alors de côtoyer des « anciens », de ces confrères qui avaient commencé leur carrière dans les années 50 et donc sans tout l’arsenal chimique dont nous disposions dans les années 80. Ces « vieux sages » eurent le temps de me montrer le bon sens vétérinaire, c’est à dire : écouter, observer, palper, réfléchir et toutes les fois que c’était possible … ne pas intervenir.

Ne pas intervenir, le summum de la vétérinaire, ça, ça m’allait ! Déjà cela contredisait ce conseil honteux tant de fois entendu à l’École Véto : « Faites une injection quoi qu’il arrive, de l’eau salée même s’il faut, car sinon vous perdrez vos clients qui penseront que vous n’avez rien fait !! »

Et surtout, cela donnait un sens à l’intervention médicale, quand celle-ci s’avère nécessaire … mais ça, je ne le comprenais pas encore.

J’ai donc arrêté cette souffrance pour moi … et pour les animaux au bout de 5 années. Je me croyais « perdu pour la médecine », en tous cas, je faisais toute autre chose et n’y pensais plus du tout, quand ma fille aînée est née. Nous avons alors logiquement quitté la capitale, sa maman et moi, pour nous inviter à la campagne, dans le Lot. Là, il était fort question que je redevienne vétérinaire et c’est là que j’ai rencontré les ostéopathes … et les chevaux.

Deux faits se sont alors produits, décisifs : d’abord, on répondait à mes questions. Ah ben ouais, parce que j’en avais posé, des questions, des vraies, logiques, honnêtes, quoique, je l’avoue, de façon de plus en plus impertinente au fur et à mesure qu’on me virait de la salle quand je les posais, à Maisons-Alfort, mais quand même aussi pertinentes que je pouvais, parce que mon but était, bêtement, d’apprendre à soigner les animaux … et puis surtout, une fois passé le premier cap … se sentir crétin en posant les mains sur l’animal pour y chercher quelque chose dedans, alors qu’on « sait bien » que c’est tout à fait impossible … une fois ce cap passé, donc, il m’apparaissait que, non seulement j’y prenais grand plaisir, non seulement les chevaux m’acceptaient, mais aussi des effets positifs survenaient, même avec moi qui ne savais rien du tout ou presque de l’ostéopathie.

Alors, en 1993, je suis allé l’apprendre, l’ostéopathie, tout près d’Aix-en-Provence, où pendant six années, on m’a aidé à me faire une idée de « comment ça marche », c’est-à-dire, de l’Anatomie.

J’en ai parfois eu les larmes aux yeux, et ouais, je suis émotif aussi. Cartésien et émotif, pourquoi pas, ça vous choque ?, car voilà ce qui me sauta à la figure : à l’École Vétérinaire, on m’avait enseigné de toutes les manières possibles « comment ça marchait pas » et l’insistance qu’on y avait mise, le prestige annoncé pour celui ou celle qui « avait le diagnostic le plus sûr », c’est-à-dire qui connaîtrait « toutes les maladies de tous les animaux et une façon sûre de les trouver », rendaient, au mieux, anecdotique la connaissance fine de l’Anatomie. Non pas qu’on ne nous l’enseignait pas, on y passait alors un temps important lors des deux premières années, mais aucune réflexion n’en découlait, c’était pour ainsi dire de la culture générale, obligatoire pour un vétérinaire, mais il n’y avait rien à en attendre, sauf pour la chirurgie (et encore, dans ce cas, très localement) ou pour se présenter avec de bonnes chances de réussite à « Questions pour un champion » (à condition de tomber là-dessus).

D’ailleurs, quarante ans plus tard, dans les écoles Vétérinaires, l’enseignement de l’Anatomie s’est considérablement réduit, en volume et en influence … c’est devenu la cinquième roue de la brouette.


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