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34B - Mission sénégal : ostéopathie/dentisterie équines

lundi 3 février 2014 par Pol Jaspard

Les praticiens :
 Margaux Reynols, ostéopathe
 Pol Jaspart, dentisterie équine

Notre mission a pu se réaliser grâce à l’antenne d’Agronomes et Vétérinaires sans frontières" en poste à Velingara et à la fondation Brooke qui appuie un projet "Bien-être des équidés".

Merci à eux.

Merci à Moussa Balde, coordinateur national d’AVSF.

Velingara est l’ancien royaume Peul du Fouladou et se trouve à 550 km à l’est de Dakar. Le tourisme n’a pas encore atteint cette région et les habitants semblent un peu oubliés par le gouvernement en place.

L’accès à ces régions est un peu difficile et l’état des routes et pistes nécessite de solides véhicules.

La haute Casamance a connu un épisode de peste équine en 2009 qui a tué presque la totalité de leurs équidés.
Cette maladie infectieuse est transmise exclusivement par des arthropodes piqueurs qui eux mêmes sont porteurs du virus de la famille des reoviridae.

Leur cheptel pratiquement décimé, les utilisateurs de chevaux (transport de personnes et de marchandises) ont du racheter des animaux seins dans des régions non infectées, aux prix d’énormes sacrifices puisque souvent c’est leur seul outil de travail et toute leur fortune.

 DENTISTERIE EQUINE :

Environ 200 chevaux et ânes ont été traités sur 7 jours, avec l’appui des techniciens d’AVSF que nous avons formés en dentisterie de base.

Suite à cette formation, la plupart d’entre eux sont capables maintenant d’identifier et résoudre les problèmes courants.

Résultats encourageants puisque certains ont dans leurs attributions la surveillance de plus de 60 villages en brousse.

Très motivés, et conscients des répercutions qu’engendre l’état sanitaire de la dentition sur la santé en général, il est certain qu’ils vont accomplir un travail remarquable dans leurs tournées d’inspection. Ainsi, dans les mois à venir, c’est l’ensemble des ânes et des chevaux qui seront soignés sur un vaste territoire.

 RESULTATS :

Nous avons constaté que sur l’ensemble des animaux, le problème de "surdents" est beaucoup moins présent qu’en France.

Leur alimentation de base est composée de paille d’arachide, très abrasive et nourrissante, et souvent complétée par des rations de mil et sorgho concassés, additionné d’eau.

 60% ont des surdents mais à une échelle de 5 sur 10 au niveau gravité (8,5 sur 10 en France)
 10% ont des petites plaies au niveau des joues et de la langue, échelle de gravite 3 sur 10 contre 7 sur 10 en France.
 14% ont des lésions à la commissure des lèvres plus ou moins graves dues à une mauvaise utilisation de cordelettes leur servant de mors
 90% gardent intact le fonctionnement de l’os hyoïde, parce qu’ils n’utilisent que des cordelettes en guise de mors, contre 80% des chevaux en France qui l’ont très souvent bloqué, à cause de l’utilisation intempestive de mors.
 11% souffrent de crochets plus ou moins grands sur la mandibule et sur les 1res prémolaires, les techniciens auront un gros souci pour les supprimer, faute de matériel électrique.
 9% ont des problèmes de denture en escalier ou ondulée.

Enfin, on peut constater que 100% des équidés travaillent dans des conditions assez difficiles, temps de travail long, température élevée, harnachement pas toujours adapté mais ils reçoivent des repas corrects et ce, plusieurs fois par jour.

27% d’entre eux sont très maigres et mériteraient une mise au repos mais bien souvent les propriétaires n’ont pas les moyens de changer d’animal.

Un grand progrès reste à accomplir au niveau des harnachements et réglages et la fondation The Brooke s’en occupe actuellement.

Cas particulier des ânes :

De petite taille, ils travaillent tous et sont conduit par les enfants, ils sont occupés aux petits travaux comme transporter l’eau, le bois de feu et les petits travaux agricoles autour des villages de brousse.
Très résistants, 95% semblent en bonne santé.
Les problèmes de surdents sont néanmoins un peu plus présents parce qu’ils se débrouillent pour manger sur place des aliments moins abrasifs.

Les mules sont très rares et pourraient être introduites, car plus résistantes et plus économiques que les chevaux, mais cela ne fait pas partie de leurs coutumes et les ânes mâles sont de trop petite taille pour produire des mules de bonne conformation.

Un projet de production de mules me semble tout à fait intéressant, mais, il reste à trouver le financement.

 OSTEOPATHIE :

Environ une cinquantaine de chevaux ont été soignés en ostéopathie durant la mission effectuée à Velingara.

Une approche théorique des grands principes de l’ostéopathie a été présentée aux techniciens et vétérinaires sénégalais.
Bon nombre d’entre eux se sont montrés particulièrement intéressés par cette discipline et ont désiré en savoir un peu plus. Certains ont demandé à avoir une présentation détaillée de l’anatomie du cheval (surtout en ostéologie) et d’autres ont insisté pour que je leur parle de boiterie et que j’étudie certains cas de chevaux arrivés boiteux.

 RESULTATS :

Il n’est pas facile de généraliser les cas d’ostéopathie vus en Casamance, en effet le plus souvent, comme en France, chaque cas est unique. Néanmoins j’ai pu tout de même constater plusieurs choses :

 Quasiment l’ensemble des chevaux vus au Sénégal (plus de 90% d’entre eux) avaient un très bon dos, à savoir que pratiquement aucune dysfonction ostéopathique n’a été trouvée de la 7e dorsale à la 6e lombaire.
Bien que présentant souvent des plaies superficielles à l’emplacement du harnais d’attelage, aucune restriction de mobilité n’était à déclarer au niveau du rachis pour ce qui est de la portion citée plus haut.

 Pour l’essentiel des chevaux présentant des dysfonctions, celles-ci se situaient au niveau du garrot (dorsales 3 à 6) et des épaules : les soucis de mobilité se trouvaient donc plus, chez la majorité des sujets (environ 50%), à l’avant main.

Il est donc permis de supposer qu’une telle proportion de dysfonctions d’avant-main (région omo-thoracique/gléno-humérale et dorsales du garrot) et une telle absence de problème sur le reste du rachis, pourraient avoir pour explication l’utilisation de ces animaux : à savoir l’attelage et la traction.

Les chevaux du Sénégal sont plutôt des petits chevaux, tout comme les ânes qui sont eux aussi beaucoup plus petits que ceux que l’on voit en France, et tout deux sont plutôt « souples », avec des articulations bien mobiles, des tendons en bon état (seulement un cas de tendinite observé).

Dans le détail : les dorsales du garrot se trouvaient à chaque fois en restriction de mobilité en rotation gauche ou droite et l’essentiel des dysfonctions d’épaule ou de gléno-humérale étaient des dysfonctions de flexion (donc à chaque fois ces articulations manquaient d’extension).

Un peu moins nombreux mais tout de même dans plusieurs cas (environ 30%), j’ai pu noter des dysfonctions de sacrum : sacrum en torsion sur axe gauche ou droit : toujours en manque de flexion.

Une petite minorité de chevaux (environ 10%) présentaient des dysfonctions de rotation aux cervicales (le plus souvent 2e ou 3e cervicale).

Dans les cas isolés, je peux citer le cas d’une jument à la locomotion très « chaloupée » dont le postérieur gauche décrivait, à chaque pas, une forte courbe vers l’extérieur : chez cette jument, j’ai noté une forte dysfonction de coxo-fémorale qui je pense était à l’origine de cette démarche bizarre : coxo-fémorale en compression, extrêmement difficile à corriger : cela étant certainement dû au fait que la jument devait avoir ce problème depuis très longtemps (plusieurs années, confirmé par le propriétaire). Mon hypothèse quant à l’origine de ce problème serait traumatique : dû à un accident ou une mise bas difficile. Après manipulation et correction de la coxo-fémorale, la jument présentait une démarche un peu plus « naturelle » et moins chaloupée mais pas complètement normale.

Enfin, pour terminer, je retiendrai le cas unique d’un âne arrivé avec l’arrière main complètement raidie, presque paralysée : diagnostiqué alors comme atteint de tétanos par les vétérinaires sur place, ces derniers m’ont demandé de tout de même manipuler l’animal : ce sujet ne pouvait plus lever aucun pied sans tomber et devant un tel cas j’ai préféré opter pour pratiquer directement des techniques d’ostéopathie neurovégétative (qui agissent sur le système nerveux) afin de favoriser/stimuler le système parasympathique du sujet (système de la récupération, du repos/détente et du système immunitaire).
Le lendemain le propriétaire de l’âne l’a ramené, il était un peu moins raide que la veille : on peut alors supposer que la technique de neurovégétatif a eu pour effet de le détendre légèrement mais cela bien sur ne peut pas avoir d’effet que sur une courte période et ne peut en aucun cas traiter des pathologies comme le tétanos ou le botulisme qui étaient les 2 pistes avancées par les vétérinaires pour expliquer le cas de cet âne.


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