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Décrets et cervicalgie.

Est ce une vraie limitation ?
 
Créé le : dimanche 14 septembre 2008 par Patrick Chêne

Dernière modificaton le : vendredi 9 septembre 2011

Parmi les textes des décrets d’application de la loi sur l’ostéopathie, on trouve le passage qui nous empêche certains actes sauf à avoir une ordonnance :

Décret n° 2007-435

II. - Après un diagnostic établi par un médecin attestant l’absence de contre-indication médicale à l’ostéopathie, le praticien justifiant d’un titre d’ostéopathe est habilité à effectuer les actes suivants :

1° Manipulations du crâne, de la face et du rachis chez le nourrisson de moins de six mois ;

2° Manipulations du rachis cervical.

Ces évictions se sont fondées sur les prescriptions de l’académie de médecine, dont la plupart dérivent de croyances comme celle ci :

Ainsi, je me souviendrai toujours d’un représentant de l’ordre des médecins me montrant une photo dans un livre des années 70 d’un auteur réputé chez les médecins ostéopathes où un homme de l’art en blouse blanche, debout derrière un patient allongé lui avait passé une ceinture sous la tête et s’apprêtait à étirer brutalement le cou de ce dernier pour réduire une dysfonction cervicale sur une cervicalgie. Il m’a alors fait ce commentaire : "Vous comprenez bien que ce n’est pas n’importe qui qui puisse faire cela !" Ma réponse ce jour là fut : "ni médecin, ni ostéopathe de mon point de vue ne doit jamais faire cela".

Et donc ce n’est pas une annonce extraordinaire, si je dis qu’il n’est pas encore arrivé le temps ou chaque médecin saura effectivement reconnaître une indication ostéopathique et prendre sa plume pour référer.

Donc nombre de bébés devront attendre leur consultation d’ostéopathie à moins que les parents partent à la recherche active de ladite ordonnance, ce qui de mon point de vue est très pénalisant pour le bébé en question.

Mais pour ce qui est des cervicalgies, et quitte à paraître un peu iconoclaste j’aimerais voir dans ce décret une invitation à raisonner encore plus en ostéopathe, d’aller plus loin encore systématiquement dans l’insertion du symptôme dans le corps du patient en entier et dans l’histoire du symptôme et de sa genèse.

En lisant certains articles, en voyant passer des sujets de mémoire sur les cervicalgies, en voyant les annonces de congrès à ce propos, en y lisant des choses techniques et complexes sur le quoi et le comment manipuler, cela suscite en moi l’envie de partager une expérience pluri-espèces qui m’a amené à raisonner les cervicalgies d’une autre manière que de me poser la question :

Dois-je ou ne dois-je pas manipuler ?

En effet si mon expérience des cervicalgies spécifiquement humaines n’est pas des plus importantes, celles des cervicalgies dans toutes les espèces l’est y compris dans des cas de hernies discales avérées.

Il n’est pas question ici de gommer la complexité du phénomène et les différences inter espèces et en particulier les spécificités humaines, mais d’amener à un recul par rapport au problème qui permettra sûrement de mieux supporter un décret restrictif et parfois vécu comme assez injuste.

Ce qui est essentiellement visé par l’article du décret est la manipulation directe et structurelle de la zone douloureuse.

Mais en a- t’on vraiment besoin ?

Si l’on raisonne globalement comme nous savons le faire :
 que l’on reprenne les raisonnements Stilliens
 les raisonnements par chaîne musculaire
 par compensation successives.
 par la tenségrité, etc...

En fait le dernier symptôme apparu, ici la cervicalgie n’est que la suite d’un processus qui s’est installé depuis plusieurs mois où le torticolis est du :

 à un problème d’occlusion
 un problème traumatique du poignet qui a été compensé par l’épaule puis les dorsales hautes
 à un problème de bassin
 à un genou opéré encore douloureux, qui a été compensé par le bassin etc...

C’est ainsi qu’on peut imaginer une séquence de traitement qui,remontant à la primaire et à quelques secondaires, permet de soulager la zone douloureuse du cou et met en place dans le corps une dynamique de restauration qui aboutira dans quelques heures à une amélioration du patient....

...Sans que l’on soit ainsi contrevenu aux décrets : manipulations de confort autour de la zone douloureuse et sans traitement de celle-ci.

Il serait quand même possible, mais de mon point de vue sans obligation, pour accélérer le phénomène de rajouter :

 une fois exclues les contre indications classiques et avec l’ordonnance.
 des manipulations en énergie musculaire, techniques isostatiques
 des manipulations en fonctionnel.

Mais, est-ce efficace ?

C’est ici que l’expérience vétérinaire est importante. Je suis donc ici le médecin :
 qui indique ou non la manipulation,
 réfère ou non en chirurgie
 en fonction des bons usages, des symptômes effectifs, de mon expérience.
 en fonction des possibilités en particulier financières du propriétaire.

Et l’ostéopathe :

 Qui exécute la manipulation.
 en contrôle son effet.

Ainsi, régulièrement il m’arrive de soigner des chiens avec des hernies cervicales. Les petites races y sont très sensibles et c’est une affection chez le chien très traumatisante pour le propriétaire qui voit son chien hurler à chaque mouvement de tête et devenir complétement apathique. Toutefois souvent, mis à part des spasmes musculaires importants y compris des cordes vocales qui expliquent les cris observés, il n’y a pas de déficit nerveux important et aucune urgence chirurgicale.

Le traitement est alors ostéopathique, les traitements anti-inflammatoires étant de peu d’effet.

Dans ces conditions d’exclusion totale de la manipulation en structurel ou musculaire, le soin passe forcément par un traitement global et le plus souvent on tombe sur une prépondérance de dysfonction dans le bassin et les viscères, parfois en amont dans le crâne.

Le cou est testé en fonctionnel parfois un peu en fascial, il est éventuellement traité de cette manière. Aucune autre manipulation n’y est conduite.

L’animal est revu tous les deux/trois jours jusqu’à amélioration des symptômes. L’amélioration intervient en général au bout d’une semaine à quinze jours et est stabilisée en maximum deux mois alors que souvent l’affection durait depuis plusieurs mois. Si c’est une hernie simple sans instabilité vertébrale ni problème vasculaire ou tumoral sous jacent le pourcentage de rémission à long terme est voisin des 80 %.

Actuellement je traite en hospitalisation un cheval qui a une vraie luxation occiput/atlas sans symptôme nerveux, mais qui depuis deux mois tenait la tête penchée et ne pouvait plus plier l’encolure :
 plus du tout à droite, à l’opposé de la saillie de l’aile de l’atlas
 très peu de l’autre côté.

Le traitement ostéopathique a mis en évidence de très fortes tensions sur le sacrum, la cinquième lombaire, le diaphragme, sur la troisième cervicale et le temporal gauche.

Le premier traitement mis en œuvre s’est intéressé à tous ces points mais pas à l’articulation C0 qui n’a pas été touchée même en fonctionnel
et dés le lendemain si la "bosse" faite par l’aile de l’atlas semble la même, la tête est portée plus droite, et l’encolure peut se plier sans problèmes des deux côtés. Il est prévu pendant une semaine de faire des manipulations tous les jours pour lever au fur et à mesure les compensations. Des que celles ci ne seront plus fortes et constantes, à ce moment là, le travail de C0 commencera et cela de plus en plus fort au cours des séances : fascial, fonctionnel, musculaire puis structurel si cela semble devenir intéressant.
A 48H on n’observe plus qu’une légère dissymétrie dans le port de tête et le début d’incurvation de l’encolure vers la droite.

Les seules complications à craindre sont celles de l’effet d’une augmentation de la circulation sanguine consécutive à la manipulation qui a parfois pu causer des problèmes dans ces cas d’anévrisme ou d’hydrocéphalie. Mais dans ce cas la pluridisciplinarité peut entrer en jeu et les médicaments utilisés sont en général assez efficaces.

Je n’ai pas l’expérience de cas humains si graves mais je pense qu’ils suivraient aisément le même chemin.

Constatant que l’on peut traiter avec bonheur les cervicalgies "graves" de cette manière, j’ai aussi traité celles apparemment bénignes de cette façon y compris celles des hommes et avec autant d’efficacité.

Quelles sont les conséquences ?

 Une telle méthode permet de traiter les cervicalgies la plupart du temps sans presque toucher au cou. Cela ne doit pas étonner un connaisseur de l’ostéopathie.
 Il suffit juste que le patient admette que le problème ne sera résolu que quelques heures après la consultation (6 à 48 heures), au pire accepte une seconde consultation.
 on peut moyennant des précautions, comme un suivi médical dans une équipe, traiter des pathologies beaucoup plus graves (hernie) sans toucher au cou du tout.
 Voire même avec une hospitalisation pour une meilleure surveillance arriver à amender des pathologies qui a priori seraient contre indiquées.
 Les seules complications jamais notées sont celles dues à une augmentation passagère de la pression sanguine comme après toute manipulation mais qui là peut rebondir sur une pathologie "circulatoire" : glaucome, anévrisme, hydrocéphalie. Mais il peut en être tenu compte par un traitement médical approprié anticipatif.

Qu’il soit bien évident dans cet article que quand je parle de pathologies humaines je ne suis qu’ostéopathe et que si je parle de choses médicales réalisées par mes soins, c’est forcément dans le cadre du soin aux animaux.



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