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L’ostéopathie vue par une étudiante vétérinaire

Géraldine Didier, Etudiante en D1 à l’ENVT
 
Créé le : mercredi 2 juillet 2008 par Ostéo4pattes-Site de l’Ostéopathie

Dernière modificaton le : mardi 3 mai 2011

Etudiante vétérinaire en première année, j’ai effectué récemment un stage de trois semaines en cabinet vétérinaire rural. Grâce aux compétences des Docteurs Vézed et Pesset, j’y ai abordé une médecine que je sous estimais beaucoup, ne la connaissant pas : l’ostéopathie. Mes a priori étaient nombreux envers cette branche que je considérais en quelque sorte comme une petite médecine, seulement bonne à soigner les boiteries des chevaux par des massages et manipulations. Quelle ne fut pas ma surprise quand j’ai appris que V. Zénoni la pratiquait sur toutes les espèces d’animaux : chiens, chats, bovins, ovins, et même oiseaux et furets !

Mon stage a changé la vision que je portais à cette notion, que je définirais à présent de la manière suivante.
L’ostéopathie est une science qui recherche les pertes de mobilité d’un élément par rapport à un autre, le tout étant maintenu par des contractures musculaires superficielles et profondes. Le tonus musculaire est le reflet de l’activité du système nerveux autonome (SNA), mais aussi un clavier qui permet de modifier l’action du SNA par l’intermédiaire de points réflexe.
On distingue la lésion au sens médical habituel du terme, où il y a atteinte de l’intégrité de l’organe, de la dysfonction ostéopathique où le problème est fonctionnel. Les techniques ostéopathiques ne seront efficaces que si le problème est dû à plus de cinquante pour cent à la dysfonction, sinon il vaut mieux avoir d’abord recours à la médecine classique pour soigner les lésions.
L’ostéopathie fait appel au toucher traditionnel pour repérer des modifications de fascia et des contractures musculaires autour des organes, ainsi qu’au toucher proprioceptif pour percevoir le mouvement respiratoire primaire (MRP). Ce dernier serait issu des contractions des cellules gliales, à l’origine d’une onde se propageant dans le liquide cérébro spinal. L’ostéopathie apporte une vision globale de l’organisme : de par les relations entre les fascia, et les ganglion nerveux sympathiques à l’origine de l’innervation de territoires éloignés, les contractures peuvent apparaître loin du point de dysfonctionnement premier. C’est ainsi que peuvent être mis en relation des maux apparemment distincts. L’ostéopathe les traitera ensemble, prenant le problème initial en compte, et non uniquement le symptôme final.
Pour lever les dysfonctions, l’ostéopathe dispose de plusieurs techniques :
 les techniques structurelles, où l’on manipule dans le sens opposé de la contracture, ce qui fait souvent ‘craquer’ les vertèbres ; elles nécessitent un patient hautement coopératif, sont donc peu utilisées sur l’animal dont le geste imprévu pourrait ruiner la manipulation ;
 l’acupuncture et l’acupressure ;
 les techniques myotensives : elles utilisent la période réfractaire faisant suite à la contraction du muscle, pendant laquelle celui-ci se laisse étirer facilement ;
 les techniques fonctionnelles, où l’on accompagne le MRP dans le sens de la lésion, pour l’aider à retrouver un équilibre physiologique : elles sont plus douces et ne présentent pas de contre-indications. Il est fréquent que l’animal finisse lui-même la manœuvre initiée par l’ostéopathe en déplaçant son corps. Ce sont à ces dernières méthodes que les vétérinaires ont eu principalement recours lors de mon stage, et auxquelles je fais allusion par la suite.

En assistant à des consultations au cours desquelles le vétérinaire utilisait l’ostéopathie à toutes sortes de fins, j’ai été séduite par les nombreux avantages apportés. Quand j’ai constaté les effets de relaxation et de détente que les manipulations douces procurent aux animaux, même aux bovins les plus vifs, et la manifeste efficacité des traitements ostéopathiques, je n’ai pu qu’être convaincue de leurs avantages. Je trouve en effet que l’on a tendance à mettre en place des traitements assez lourds, comme des antibiothérapies répétées à fortes doses, ou des anti-inflammatoires de longue durée, non anodins pour l’organisme. Pourquoi, alors, se passer d’une médecine qui peut dans certains cas permettre de réduire, voire d’éviter, les lourds traitements allopathiques ? Pourquoi mettre un chien atteint d’arthrose sous corticoïdes, très chers pour les chiens de grand format, puis lui faire avaler des glycosaminoglycannes à long terme pour des sommes faramineuses, alors qu’un suivi ostéopathique pourrait aider l’animal à reconstruire le cartilage de son articulation ?
Forte de ces idées nouvelles, j’ai accompagné les vétérinaires lors des soins aux chevaux de la ferme de Saint Ygnan : c’est là que j’ai senti pour la première fois le MRP, ou mouvement respiratoire primaire. Pour débuter, on le recherche sur le sacrum du cheval, car il y est plus marqué. On place sa main sur l’animal, et en fermant les yeux on se laisse aller à ressentir ses mouvements internes, à peines perceptibles. Une image que l’on peut garder à l’esprit pour s’orienter est celle d’un énorme ballon de baudruche rempli d’eau que l’on tiendrait contre soi, sur lequel quelqu’un effectuerait une pression à une extrémité. On pourrait alors ressentir les mouvements de l’eau propagés jusqu’à l’autre extrémité en y plaçant sa main. L’animal peut être assimilé à ce ballon, et notre main placée à sa surface est capable de recevoir des signaux issus des différentes parties et organes de son corps.

Photo : Sentir le mouvement respiratoire primaire sur la sacrum du cheval

Ensuite, en partant avec Pesset en tournée, j’ai renouvelé cette expérience sur des vaches : le MRP n’a pas les mêmes rythme et amplitude. L’intérêt pour moi est que j’ai alors pu participer de manière active aux soins, sentant les contractions de l’animal et les modifications de mouvements, de rythme et d’amplitude du MRP au fur et à mesure des manipulations. Avant la séance, on sent que le MRP comporte de petites irrégularités. Celles-ci s’accentuent considérablement au moment où le vétérinaire s’attarde sur la zone sensible de l’animal, et vont dans le sens de la manipulation effectuée. Lorsqu’on sent le MRP enfin libéré et paisible sous les doigts, c’est signe que la mobilisation est terminée.
J’ai de la sorte accompagné la consultation de vaches, chevaux ou chiens atteints de divers problèmes : vache décalcifiée ou ayant une contracture au boulet antérieur gauche, génisse ayant reçu un coup à la hanche, veau ne pouvant se lever (syndrome de Wobbler), chien atteint de cancer et traité par chimiothérapie… J’ai cependant eu plus de mal à repérer les MRP chez un petit animal, chien ou chat. J’ai été épatée de percevoir des sensations différentes suivant la manipulation faite. Lorsque le vétérinaire manipule la colonne vertébrale, le MRP me fait penser aux mouvements larges et souples des ailes d’un oiseau, aux clapotis de vagues, avec rotations, mouvements vers l’avant et l’arrière. En revanche, un autre type de sensation m’a laissé ressentir de grosses bulles de cire épaisse éclatant lentement : le vétérinaire m’a par la suite appris qu’il travaillait à ce moment sur les dure-mère et pie mère du cheval, pour un problème de croissance.

Comme pour tout soin médical, il ne faut pas s’attendre à une guérison miracle dès le lendemain de la consultation ostéopathique : il faut laisser à l’organisme le temps de s’habituer à son nouvel équilibre . Les résultats se jugent deux semaines plus tard environ.
Et les engouements pour cette pratique sont de plus en plus nombreux : elle n’est pas appréciée seulement par les propriétaires d’animaux de compagnie. Mes préjugés ont encore été remis en cause : j’ai vu des agriculteurs (souvent biologiques) consulter à plusieurs reprises pour des séances d’ostéopathie pour un veau. La prise en compte du bien-être animal et des médecines douces est croissante. C’est le cas pour des agriculteurs qui ne croyaient pas en ces médecines au départ, et qui, suite à plusieurs traitements allopathiques onéreux et infructueux, se laissent tenter par de l’homéopathie, bien moins chère. Des personnes réticentes au départ font de la sorte confiance à ces pratiques et se les conseillent ensuite mutuellement.
L’ostéopathie est en effet liée aux autres médecine douces, telles l’homéopathie, l’acupuncture (utilisation des méridiens d’acupuncture dans l’établissement de diagnostics), la phytothérapie… L’intérêt est de pouvoir piocher dans les différentes médecines (médecine classique ou toutes les branches de médecines douces) la solution qui convient à chaque cas, et ainsi optimiser le pouvoir de chacune en les conjuguant. L’ostéopathie s’inclut alors dans une considération globale de la médecine, qui réussit à de nombreux cas. Le tout est de mieux connaître l’ostéopathie, pour savoir où et dans quelle mesure elle peut être intervenir, et ainsi référer plus de cas à un ostéopathe.

Mais au delà de ces considérations, l’ostéopathie est aussi un état d’esprit, dont le recours est bénéfique à tout soin.

Un retournement de matrice en ostéopathie

Prenons l’exemple d’un retournement de matrice. L’ostéopathie, en apportant un moyen de communication avec l’animal, permet de ressentir quand celui-ci est prêt à recevoir le soin et à en tirer le meilleur profit. Le vétérinaire attend alors le bon moment pour rentrer la matrice, et ne va pas à l’encontre des contractions de l’animal (qui de toute manière peuvent anéantir tout le travail en un temps record…). Il bénéficie de l’aide de l’animal, et le recours à la force pour le contraindre n’est plus nécessaire. Une femme tire ainsi énormément d’avantages de cette médecine. Il en va de même pour les mises-bas ou les injections, poses de cathéters et autres soins techniques. L’ostéopathie permet une meilleure écoute du patient, une mise en phase avec lui, pour un soin toujours plus adapté à la situation.



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