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K - Fox, le chien qui marchait sur deux pattes

Cas clinique DIE
 
Créé le : vendredi 14 octobre 2016 par Mariam Godde

Dernière modificaton le : mercredi 9 juin 2021

Commémoratifs :

Fox est un Jack Russel Terrier mâle entier de deux ans, non vacciné et rarement vermifugé.

Il mange une alimentation mixte sèche et ménagère. Il est le seul animal du foyer. Il vit en maison et fait souvent des fugues. Il n’a jamais eu de problème de santé particulier. Fox a du caractère et tolère moyennement les soins.

Motif de consultation et anamnèse :

Fox est présenté à la consultation d’ostéopathie le 14/09/2012 en raison d’une intense douleur de l’arrière train entraînant une démarche sur les antérieurs uniquement. Fox a été, un mois auparavant, victime d’un accident de la voie publique. Il présentait alors une ataxie postérieure avec déficit moteur bilatéral. Des radiographies du bassin ont mis en évidence des fractures multiples : ischium, symphyse pubienne avec déplacement craniolatéral, esquille osseuse dans le foramen obturé droit et fissure du sacrum. Du tramadol (Contramal ND) à la dose de 1 mg/kg deux fois par jour et des antiinflammatoires non-stéroïdiens (0,5 mg par jour per os de Metacam ND) sont prescrits pour quinze jours avec une mise au repos en cage pour trois semaines, les propriétaires ne souhaitant pas d’intervention chirurgicale. Après un mois d’immobilisation, la douleur est très vive et l’état de Fox dégradé. Les propriétaires envisagent l’euthanasie.

Illustration 1 : Vue de profil du bassin

Illustration 2 : Vue de face du bassin

Examen clinique :

Fox est très douloureux de l’arrière train, à l’arrêt comme en mouvement. Il ne se déplace que sur les antérieurs. Les propriétaires rapportent qu’il est prostré et manque d’appétit. Les muqueuses sont roses, le TRC est inférieur à deux secondes. Son état d’hydratation est normal. L’auscultation cardiorespiratoire est sans anomalie. La palpation abdominale est souple. Fox est normotherme. On observe une amyotrophie importante des muscles fessiers et des muscles posturaux des membres postérieurs. Les réflexes proprioceptifs sont conservés des deux côtés et Fox est continent urinaire et fécal. On palpe un hématome en regard du sacrum et une instabilité du bassin. En raison de la douleur aiguë toujours présente, la mobilisation des postérieurs n’est pas réalisée.

Examen ostéopathique

L’examen ostéopathique global révèle un MRP global faible et saccadé. Les ceintures en dysfonction sont la ceinture de la base crânienne, la ceinture pelvienne antérieure et la ceinture pelvienne postérieure. Les ceintures sont des zones d’écoute de restriction fasciale transverse du corps (Colombo J.C., 2011).

On note un wiplash, c’est à dire un micromouvement (MRP) opposé entre l’occiput et le sacrum (Chêne P., 2005) avec une importante FTM (Boisseleau A., 2012) et les articulations lombo-sacrale et sacro-caudale en restriction de mobilité.

La chaîne dysfonctionnelle principale est :

– une symphyse sphéno-basilaire en torsion droite, c’est à dire le corps du sphénoïde regardant à droite et le basiocciput à gauche, dans le concept d’ostéopathie crânienne,

– l’épaule droite crâniale, c’est à dire un mouvement facilité vers l’avant, le carpe droit en flexion, adduction, rotation interne,

– la jonction thoraco-lombaire en extension rotation side bending gauche, soit une convergence des facettes articulaires à gauche,

– l’ilium droit est positionné ventralement, et le sacrum plonge vers l’avant,

– la hanche gauche est en rotation interne/adduction/extension,

– la queue est déportée à droite,

– tensions sur tout le trajet du nerf sciatique gauche

Illustration 12 : Chaîne dysfonctionnelle principale

Traitement

Le traitement est d’abord porté sur la détente de la FTM. Un travail sur le crâne dans son ensemble est ensuite proposé pour s’intéresser plus précisément au système limbique et à l’hypothalamus, en ciblant la mémoire traumatique (Tricot P., 2005).

Un simple traitement tissulaire (Tricot P., source internet) sur les hématomes de la région sacrée et du bassin est réalisé également. Fox est très détendu en fin de séance. On a retrouvé une synchronisation entre les mouvements du crâne et du sacrum et une tension neurale normale. Le sacrum a encore un mouvement ralenti, et il reste une tension en regard de l’émergence du nerf sciatique gauche. Un traitement complémentaire en homéopathie est proposé : Hypericum
perforatum 5 cH, 3 granules par voie orale matin et soir pendant dix jours. Il est conseillé aux propriétaires de Fox d’arrêter l’immobilisation en cage et de le laisser se déplacer comme il le souhaite. Une consultation de contrôle est proposé deux semaines plus tard.

Suivi

Fox est revu quinze jours plus tard. Il utilise maintenant trois pattes pour se déplacer avec aisance.

Le postérieur gauche reste néanmoins en suppression d’appui à la locomotion. Le port de queue est normal. Il a retrouvé l’appétit et son entrain habituel. L’examen ostéopathique lors de ce suivi montre une chaîne médiane impliquant l’hyoïde, la première côte gauche, l’articulation C7/T1, et l’articulation L3/L4, le ligament sacroiliaque droit, le sacrum et le rectum.

Fox est revu trois semaines plus tard, l’évolution est bonne, mais il ne pose le postérieur gauche que par intermittence, au pas. La séance d’ostéopathie permet de lever l’impaction du pubis, la douleur de la hanche gauche et de stimuler les tissus périarticulaires de L3/L4 en restriction de mobilité.

Le contrôle à un mois permet de constater que Fox ne manifeste plus aucune douleur à la manipulation mais boîte toujours du postérieur gauche, avec suppression d’appui lors du trot et du galop. L’examen palpatoire montre une amyotrophie des muscles fessiers à gauche. L’examen neurologique est normal sur ce membre. Le travail ostéopathique est ciblé sur les muscles fessiers et la jonction lombo-sacrale. Il est proposé aux propriétaires des exercices de rééducation fonctionnelle à faire à la maison (Millis D.L., Levine D. et Taylor Robert A., 2004) :

 semaine 1 : 30 minutes de marche en laisse au pas tous les jours

 semaine 2 : 40 minutes de marche en laisse avec montée et descente 1 jour sur 2

 semaine 3 : 3 fois 1 heure de marche en laisse sur terrain varié, les autres jours 30 minutes en laisse sur le plat

 semaine 4 et 5 : idem semaine 3 + slalom dans le jardin 3 passages, 3 fois par semaine.

Fox est revu à la fin des cinq semaines, les propriétaires ayant plus ou moins respecté la rééducation fonctionnelle.

A l’examen en mouvement, Fox marche et court sur ses quatre pattes, l’appui sur le postérieur gauche restant toutefois plus léger que sur le droit. Il saute bien et n’a aucune appréhension. L’amyotrophie s’est réduite, mais il subsiste toutefois une légère dissymétrie entre les deux membres postérieurs.

Discussion

Fox présentait des fractures multiples du bassin ce qui nous plaçait hors du champ d’action de l’ostéopathie tel qu’il est classiquement décrit. En effet, de par les fractures multiples du bassin et du sacrum, nous nous trouvons hors des barrières anatomiques, ce qui est une contre indication à la manipulation ostéopathique. Il ne s’agissait alors pas de remettre en place les structures mais de redonner de la mobilité aux tissus figés par la rétraction cicatricielle des hématomes, afin d’une part de réduire les tensions s’appliquant sur les nerfs du postérieur gauche, et de lever la douleur associée, afin de retrouver une mobilité des tissus mous de la région du bassin et du sacrum.

Il est intéressant de noter dans l’examen ostéopathique de Fox un wiplash, c’est à dire un occiput et un sacrum en opposition de phase. Il est vraisemblable que ce dernier ait été provoqué lors du choc avec le véhicule qui a percuté Fox. En ostéopathie humaine, ce phénomène est très souvent décrit lors d’accident de la route avec freinage brusque (Chanet L, source internet).

Par ailleurs, ce cas permet de soulever la question du bien fondé de l’immobilisation classiquement recommandée en cas de fracture du bassin sur les carnivores domestiques. En effet, il est effectivement intéressant d’avoir des mouvements restreints afin que la cicatrisation osseuse puisse se faire. Cependant, une restriction de mobilité globale de l’organisme entraîne une baisse de la trophicité des tissus par déficit de stimulation et notamment du drainage lymphatique et veineux, et une amyotrophie. Ceci va constituer un frein à la récupération fonctionnelle (Freulon A. L., 2007).

Ainsi, il est intéressant de coupler ostéopathie et rééducation fonctionnelle afin d’aider l’animal à retrouver une mobilité optimale le plus rapidement possible.

Conclusion :

Fox a été présenté à la consultation ostéopathique en raison d’une douleur intense de l’arrière train, accompagnée d’un déficit moteur important, suite à une collision avec une voiture. Des fractures multiples du bassin avaient été mises en évidence et un traitement conservateur avec du repos confiné et des antalgiques et anti inflammatoires avait été suivi. Les dysfonctions ostéopathiques principales constatées se trouvaient sur l’axe rachidien, avec un asynchronisme entre le crâne et le sacrum, et avec une importante perte de mobilité du sacrum pris dans les rétractions tissulaires cicatricielles, entraînant des compressions nerveuses irradiantes notamment dans le membre postérieur gauche. La prise en charge ostéopathique a permis un recouvrement de la locomotion quadrupède en plusieurs semaines, et la disparition des douleurs. L’ostéopathie couplée à la rééducation fonctionnelle ont permis à Fox de retrouver une musculature capable de tenir le bassin et compenser les remaniements osseux dus aux fractures.

Boisseleau A., La force de traction médullaire : étude bibliographique, Thèse de doctorat Vétérinaire Nantes, 2012

Chanet L., Le wiplash ostéopathique, http://osteopathe.perpignan.free.fr/wiplashsymptome.37.html

Chêne P., Le syndrome de l’oeuf, Ostéo4pattes, n°001, Septembre 2005

Colombo J.C., L’ostéopathie crânio-sacrée, cours enseignement IMAOV 2011

Freulon A L, Les thérapies manuelles chez le chien : évaluation clinique et biomécanique, Thèse de Doctorat Vétérinaire Lyon, 2007, 124p

Millis D. L., Levine D. et Taylor R. A., Canine Rehabilitation and physical therapy, Ed Saunders, 2004

Tricot P., Approche tissulaire de l’ostéopathie, Tome 2, Editions Sully, 2006

Tricot P., http://www.approche-tissulaire.fr/fondements



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