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112 - Dépêche de septembre 2015*

Hernie discale, médecine et Ostéopathie.
 
Créé le : jeudi 3 septembre 2015 par Patrick Chêne

Dernière modificaton le : mercredi 19 décembre 2018

La frontière entre l’ostéopathie et la médecine académique est souvent ténue et sujet à controverse. Pourtant, maintenant que la loi donne à l’Ordre National des vétérinaires la responsabilité de la gestion d’une liste de vétérinaires non ostéopathes, nous serons contraints collectivement de savoir de quoi nous parlons si nous voulons assumer notre rôle.

Un exemple frappant en est le traitement de la hernie discale où, il arrive régulièrement sur des forums et sites que nos confrères pensent pêle-mêle que l’ostéopathie consiste à tordre les animaux, que seule la chirurgie peut y faire quelque chose, que les radios sont le préalable à toute chose, avec parfois des confrères signant un papier disant que l’ostéopathie ne peut rien sur une hernie discale.

Pourtant, 25 ans de pratique de l’ostéopathie, m’amène à faire les réflexions suivantes :
 Nous avons souvent dans la dépêche, au fil des encarts ostéopathiques, parlé de tenségrité, c’est-à-dire de la modélisation du corps comme une structure auto-contrainte et résiliente, parfaitement mis en image par le Dr Guimbertaud qui filme des fascias en mouvement par une caméra sous la peau. Cette modélisation apporte sur la hernie un éclairage particulier qui nous dit : une mauvaise répartition des forces et tensions du corps peut amener une concentration de forces sur un point qui est alors fragilisé. Si ce point est un disque, alors, quoique l’on fasse, il va finir par faire protrusion. La conséquence en est que :
  Si on opère le disque seulement, ou prescrit des Anti-inflammatoires pour résorber l’œdème, la concentration de force peut persister dans le temps et dans ce cas, on finira par avoir une autre protrusion sur ce disque ou bien sur le voisin quelques mois plus tard, c’est ce que l’on observe régulièrement.
  Si on modifie la répartition des forces pour les rendre harmonieuses, alors, on aura une possibilité pour le disque de se rétracter effaçant certaines conséquences de la hernie. Et la modification de cette répartition peut passer par une séance d’ostéopathie fonctionnelle (donc sans torsion) où il n’est pas besoin à la limite de toucher la zone herniée.
Aussi partant de ce constat, je ferais les dichotomies suivantes dans le schéma de traitement d’une hernie ou d’une suspicion de hernie :
  1- La hernie est suspectée, avec parésie, douleur comme symptômes. L’ostéopathie est à réaliser en première intention et si les séances sont correctement menées, l’amélioration est facilement au bout. Il est toujours temps de faire des examens complémentaires et d’intervenir chirurgicalement si les résultats se font attendre. Le plus souvent, il n’est pas besoin d’y adjoindre de traitement médical, sinon, les corticoïdes sont évidemment les meilleurs candidats.
  2- S’il y a paralysie franche, il y a lieu d’envisager d’abord les examens complémentaires et la chirurgie. Pourtant, il est important d’envisager rapidement l’ostéopathie en complément pour modifier le réseau des tensions corporelles afin d’accélérer la récupération et de limiter les récidives.
  3- Pourtant, même dans ce dernier cas, l’aspect financier empêche certains propriétaires de recourir à l’opération, alors on propose un traitement médical palliatif, qui parfois suffit. Pourtant, le meilleur palliatif dans ce cas est l’ostéopathie couplée au traitement médical. Les résultats de mon expérience me font dire que les résultats sont plus lents qu’avec la chirurgie mais souvent les efforts largement récompensés. Les échecs me semblent imputables à des lésions nerveuses autres que l’écrasement (embolie fibrocartilagineuse, kyste, tumeurs) heureusement beaucoup plus rare.

Il en a été ainsi pour un basset hound, traité récemment, retrouvé brutalement paralysé avec incontinence totale, les propriétaires ont refusé l’intervention sur leur chien dont la vétérinaire traitante a instauré le traitement médical (et l’a modifié au fur et à mesure de l’évolution), puis elle l’a référé pour un suivi ostéopathique qui a été instauré : d’abord bi-hebdomadaire, puis hebdomadaire. L’incontinence a disparu en une semaine. Une intolérance médicamenteuse (diarrhée hémorragique) a freiné l’évolution une semaine, et au bout d’un mois, le chien se lève seul, tient debout et fait quelques pas sur sol adhérent avec un déficit proprioceptif qui devrait se résorber en grande partie dans le mois qui vient.

La collaboration ici entre médecine académique et ostéopathie a été fructueuse. Pourtant, je pense qu’à la lecture de ce texte certains d’entre vous ne seront pas d’accord. Je suis intimement convaincu que c’est par méconnaissance des principes biophysiques et de mécanique cellulaire qui sous-tendent l’ostéopathie et cela appelle à de grandes tables rondes et expérimentations collégiales.
Nous en revenons alors à notre responsabilité collective de gestion de l’ostéopathie animale, dans des équipes binomiales, et cette méconnaissance devra être comblée par le retour d’un enseignement d’ostéopathie dans les écoles vétérinaires, ne croyez-vous pas ?

Bibliographie/infographie :
 Vidéo du Dr guimbertaud : https://vimeo.com/54857780
 Effet positif des manipulations sur les fibroblastes : http://www.news-medical.net/news/20150805/In-vitro-testing-provides-proof-of-concept-for-osteopathic-manipulative-therapy.aspx
 Dr Stephen Levin, un des chercheurs en tenségrité ou une autre vision de l’anatomie : http://www.biotensegrity.com/



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