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35C - A propos des écoles et des formations payantes et privées

mardi 18 février 2014 par Florence Fouré

Je suis en colère ! Je constate depuis trop longtemps maintenant les dégâts, financiers, humains et moraux qu’engendrent bon nombre d’écoles et formations payantes qui pullulent dans notre pays.

Mon but n’est pas de condamner la liberté d’instruction et de transmission d’un savoir, bien au contraire. Il s’agit avant toute chose de reconnaître que les « écoles » en question répondent bien souvent à un manque.

Si le fait de s’interroger sur l’utilité d’une législation peut sembler à certains une intrusion, je me demande personnellement comment on peut faire pour s’ y retrouver dans cette multiplicité, d’autant plus qu’elle est bien souvent inefficace à long terme.
Je m’explique : aujourd’hui, il suffit d’avoir un peu d’argent, du bagout, voire du culot pour créer une école et emmener derrière soi une ribambelle de disciples qui payent toujours plus cher des enseignements pas toujours honnêtes.

Si cela traduit la défection de plus en plus évidente des pouvoirs publics et notamment de l’Éducation Nationale qui ne sait pas ou ne veut pas répondre aux demandes et aux besoins des gens et préférant ainsi obéir aux lois du Marché, je m’interroge quant à moi, sur ce que traduit cette nouvelle forme d’autoformation d’un public de plus en plus nombreux qui trouve désormais normal de payer cher un savoir faire.

Attention : loin de moi l’idée de donner à penser que certaines de ces écoles sont inutiles, je pense par exemple que les écoles qui proposent une formation en herboristerie sont une bonne chose, parce qu’elles mettent l’État devant ses contradictions et préservent un savoir ancestral.

Le système est déficient, soit ; mais cela ne justifie pas que des charlatans et arnaqueurs de toutes sortes puissent en toute impunité et sur le dos des gens, se faire de l’argent en proposant des cours, des stages « diplômants » qui ne font qu’ajouter de la confusion partout.

On le sait bien : légiférer n’est pas forcément la meilleure solution, puisque les législateurs ne sont pas forcément les meilleurs connaisseurs des contenus pratiques et pédagogiques dispensés. Le risque étant de voir les écoles et leurs méthodes changer de noms. Je ne me fais personnellement aucune illusion quant à l’efficacité des législateurs (il n’y a qu’à prendre l’exemple de l’ostéopathie humaine pour comprendre qu’on est loin d’avoir résolu le problème).

La solution individuelle et de bon sens, semble donc la plus efficace. C’est donc à chaque individu de se prendre en main pour savoir si une formation peut répondre à ses besoins.

Voici quelques remarques personnelles qui vous aideront j’espère à y voir plus clair…

Comment reconnaître une bonne école ?

Il n’y a pas à ce jour de diplôme reconnu dans tous les domaines professionnels : il est donc facile pour des gens plus ou moins bien intentionnés de vous faire miroiter qu’ils sont « diplômés ». En effet, n’importe qui peut créer sa propre école et s’auto décerner un diplôme, qu’il peut même vendre s’il décide de « faire école ».

Avant d’entreprendre des études, demandez-vous toujours si les personnes qui vous font cours ont été à un moment donné « reconnues » par des pairs dans la discipline qu’ils prétendent enseigner. J’ai trop de respect pour les mots « enseignement », « transmission », « savoir », « connaissance », « recherches », pour les voir utilisés mal à propos et pervertis par des marchands de couleurs qui bien souvent ne font que des copiés/collés de cours que tout le monde peut trouver dans les livres ou sur Internet.

Méfiez-vous donc des forts en communication avec de beaux sites Internet, les tee-shirts, les stylos et les tasses à l’effigie d’une école ; ce n’est pas forcément un gage de qualité et surtout d’honnêteté intellectuelle.

Méfiez-vous de la récupération des (bonnes) idées des autres : certains sont très forts pour faire croire qu’ils sont « amis de », « spécialistes de ».

J’ai moi-même pu constater combien il était facile à certains de s’approprier le travail des autres en faisant croire que cela venait d’eux (J’ai une amie qui a été victime d’une récupération de la sorte : elle a travaillé toute seule, en se documentant auprès de professionnels reconnus et compétents, sans que jamais un seul de ses « professeurs » ne daigne s’intéresser à son travail en cours d’année ; puis s’est vue contre toute attente, promue au rang de représentante du « sérieux de son école » (sic !), au moment de la reconnaissance de son travail d’étude par d’autres)

Une bonne école ne doit pas chercher à « faire du chiffre », elle doit s’engager à former de bons professionnels qui pourront s’installer et vivre de leur métier. Demandez-vous toujours combien d’étudiants entrent chaque année dans la structure et combien en sortent « diplômés ». Mais aussi, combien, parmi les diplômés, travaillent et vivent de leur métier.

Une bonne école n’est pas forcément la plus chère ! Cela dépend comment l’argent est investi. Si les tee-shirts et autres babioles aux couleurs de l’école sont payés par vos frais d’inscription et de scolarité, vous n’avez pas à les payer une deuxième fois ! Mais le plus important n’est pas là : les étudiants doivent bénéficier d’un réel suivi, doivent récupérer leurs exercices corrigés au plus vite et pouvoir contacter le secrétariat et l’équipe enseignante facilement. (J’ai vu des écoles fermer le jour de la proclamation des résultats d’examens pour ne pas avoir à se justifier ! ce qui -vous serez d’accord avec moi- est inadmissible et est une preuve manifeste d’inefficacité, voire d’incompétence quand ce n’est pas de malhonnêteté).

Toutes les écoles ont les mêmes discours sur le fait qu’elles sont les meilleures, les plus fortes, les plus nombreuses, les plus sérieuses, etc.
Alors comment savoir qui a raison ?

Méfiez-vous des personnes « sectaires » qui commenceront par exclure toute autre pratique que la leur avant de vous expliquer comment elles-mêmes travaillent et pourquoi elles travaillent de cette façon plutôt qu’une autre.

Je pense donc qu’il faut aller voir du côté des professionnels : Il faut les rencontrer, les voir au travail, et leur demander comment et où ils se sont formés, ce qu’ils pensent de telle ou telle école.

Un bon élève ne veut pas forcément dire une bonne école : j’ai déjà évoqué plus haut ces écoles qui savent récupérer et utiliser les élèves qui les intéressent quand bon leur semble. Si toutes les personnes qui sortent d’une école ont pu s’installer professionnellement et vivent décemment du métier qu’ils ont appris dans cette école, on peut considérer que vous avez affaire à une bonne école.

Une bonne école forme des professionnels, mais aussi des gens libres et curieux, capables de prendre du recul, de se former et de s’informer tout au long de leur carrière, capables d’échanger avec les collègues, y compris ceux issus d’autres formations.

Il faut donc toujours se poser la question suivante : le professionnel en question a-t-il intérêt à vous voir travailler et être en concurrence avec lui ?
Les écoles qui se multiplient et inondent en ce moment même le marché ont peut-être le noble but de vous procurer un avenir professionnel, mais n’ont malheureusement pas d’autre résultat que de créer une précarité et un « confusionnisme »de plus.

Alors, comment reconnaître le « bon professeur » ?

J’affirme que l’on peut être un excellent professionnel sans avoir fait d’études, mais on ne sera jamais un bon professeur sans avoir un minimum de sens pédagogique en même temps que de solides études théoriques.

Quel que soit le nom qu’il se donne (professeur, formateur, instructeur, enseignant, spécialiste…), un bon professeur -et donc une bonne école- doit mettre la réussite de ses élèves au premier rang. Il doit prendre en compte les difficultés de chaque élève pour le faire progresser. Un bon professeur doit être capable de rendre compte à tout moment de sa progression pédagogique, faire preuve de discernement et de suffisamment de recul pour expliquer, ré expliquer si nécessaire, une notion qui n’aurait pas été assimilée par ses élèves.

Pour savoir si un enseignant a bâti lui-même son cours, il suffit de lui demander de revenir sur une notion expliquée précédemment et de fournir pour chaque exercice un corrigé type qu’il est censé établir en même temps que l’exercice.
C’est la seule façon de progresser pour l’élève : savoir où il va.

Un professeur digne de ce nom doit toujours répondre à vos questions et ne jamais justifier son absence de contenu et de savoir par des phrases toutes faites du style « ça, on verra plus tard » ou « ce n’est pas le moment d’aborder ce sujet ». L’enseignant doit être capable de justifier pourquoi il laisse en suspens une question et ne doit jamais cacher quand il doute ou quand tout simplement il ne sait pas.

Un bon professeur sait rendre le livre assimilable et sait vérifier si son élève l’a compris. Mais il sait aussi ajouter au livre sa pensé personnelle et il est là avant tout et surtout pour faciliter le passage de l’éducation livresque à celle de l’expérience : c’est donc une sorte de juge parfait ou idéal, qui s’arrange pour rendre autonome son élève. Il n’y a pas de pire prof que celui qui ne sait pas se mettre à la portée de ses élèves

Un bon professeur ne doit pas chercher à « piéger » l’élève, il doit savoir faire ressortir l’essentiel à son élève, il doit pouvoir à tout instant justifier son barème ainsi que sa notation.

Il n’y a rien de pire à mes yeux que celui qui ne fait pas preuve de mansuétude, de bienveillance vis-à-vis de celui qu’il est censé « élever » au sens le plus noble du terme.

Personnellement, je ne supporte pas le fait que le savoir –surtout quand il s’agit de profession et encore plus quand il s’agit de thérapie- soit une affaire d’initiés, de personnes qui s’octroient le droit et le privilège de régner par la détention du savoir pour obtenir plus de pouvoir.

C’est le travers dans lequel beaucoup de soit disants « professeurs » échouent lamentablement.

Craindre que l’élève dépasse le maître est une preuve de médiocrité de ce dernier. Imaginez qu’un professeur de collège empêche le bon élève qu’il a repéré de « passer au lycée », le professeur de lycée d’empêcher un élève de poursuivre des études auxquelles il n’a jamais eu lui-même accès, le prof d’Université d’empêcher son étudiant de passer l’agrégation, ou une thèse de doctorat ?

Le comble du mauvais professeur, c’est de ne pas supporter que son élève devienne ce qu’il aurait voulu être lui-même.

L’excellence ne se mesure pas à celui qui crie le plus fort, ou qui amasse le plus de sous, de savoir, de livres, d’étudiants. Un bon prof ne se mesure pas à la taille ou à la marque de sa voiture, ni à la taille ou l’adresse de son école et de sa capacité de communication (le site Internet par exemple).

Un bon professionnel.

Quand on a réussi à passer toutes les « épreuves », souvent difficiles, parfois injustes et humiliantes des « mauvaises écoles », il faudra toujours garder à l’esprit que votre objectif doit être celui d’être un bon professionnel pour pouvoir obtenir un minimum de crédibilité dans votre nouvelle profession.

Quoiqu’il en soit, un bon élève ne devra jamais céder au corporatisme aveugle que certaines écoles semblent promouvoir : on doit s’enrichir partout, il faut toujours aller voir ailleurs et ne jamais oublier qu’on peut apprendre aussi auprès des médiocres si on n’est jamais dupe.

Un bon professionnel et aussi quelqu’un qui cherche tout au long de sa carrière à améliorer sa pratique, qui va à la rencontre des autres et qui trouve le moyen de transmettre à son tour le savoir acquis (en écrivant des articles, en prenant des stagiaires, par exemple).

En résumé :

Vous l’aurez compris, il n’est pas simple de s’y retrouver. Mais il vous sera toujours plus facile de démasquer une personne malhonnête d’un point de vue intellectuel, même si vous en savez moins qu’elle ; car c’est sur la forme de son enseignement que vous pourrez l’attaquer, puisqu’il vous sera toujours plus difficile de la piéger sur le contenu (surtout si elle réinvente des termes, des mots, renomme des concepts, etc.).

Le mot « diplôme » ne veut rien dire en dehors d’un contexte communément reconnu par un groupe.

Il est préférable de poser les questions concernant l’organisation de l’année de formation ainsi que des modalités d’évaluation avant de signer tout contrat.
Il est bien entendu indispensable de lire le contrat de formation dans son intégralité en demandant un délai de réflexion avant de signer quoi que ce soit.

Méfiez-vous toujours -et par principe - des écoles qui se considèrent comme « des grandes familles » et vous organisent des week-end (payants bien entendu) d’intégration, de stages, ou de formations spécifiques ou parallèles à votre formation initiale, mais « complémentaires » et vivement « conseillées ». Ces écoles qui bien souvent d’ailleurs n’hésitent pas à exclure ceux qui ne feraient pas partie de la grande famille, qui n’auraient pas l’esprit d’équipe. Ne vous rendez jamais complices de tels actes et posez-vous toujours la question : qu’est-ce que cela m’apporte ? Est-ce que la somme que j’ai payée pour ce stage est juste ? Combien le séjour m’aurait-il coûté si j’avais organisé moi-même ce week-end ?

Enfin, calculez toujours le nombre d’heures, de jours, de clients, que vous devrez obtenir pour « rembourser » le coût de votre formation. Si vous souhaitez en vivre vraiment, ce petit calcul peut rapidement vous ramener à la réalité.


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