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Ce n’est pas moi qui le dis ...*

... C’est Sciences & Vie
 
Créé le : lundi 21 novembre 2016 par Patrick Chêne

Dernière modificaton le : lundi 21 janvier 2019

 Introduction

Il m’arrive souvent en soignant des patients humains de pester contre ces chirurgiens qui ont le bistouri entre les dents et font des opérations qui au mieux sont inutiles, au pire ont aggravé le problème ou balancé une maladie nosocomiale ....

Pas question avec un tel sujet de faire une partie de Ping Pong, avec le voisin mort le mois dernier suite à une infection nosocomiale après opération de la hanche, d’y répondre par un ostéopathe équin qui outrepassant ses prérogatives a fait une double dissection de l’artère vertébrale du cavalier ....

Non, l’affirmation du premier paragraphe est le fruit d’une répétition d’impressions lancinantes sur mes patients humains, qui me font régulièrement, jour après jour, penser que le système s’emballe, que le serment d’Hippocrate est très malmené . Je ne crois pas que ce soit, sauf cas particulier, par mauvaise intention, sciemment pour payer sa piscine ou sa maison ou pour remplir les lits, mais en tous cas par mauvaise analyse des ressorts de toute décision et une inertie qui pousse justement à ne pas trop se poser de questions par facilité ou pour entretenir un système ou pour satisfaire un patient angoissé qui pense trouver là une solution facile (Sic !) à son problème.

Je n’avais jamais ouvert ma plume sur ce sujet parce que ma position d’ostéopathe minimaliste me rangerait d’office dans les excessifs de la non intervention ...

Mais ce mois ci, en lisant Science & Vie, je tombe sur un article qui fait plus que conforter mes intimes convictions :

  20% des interventions chirurgicales réalisées en France seraient inutiles !

Et quand on sait que 5% des patients contractent à l’hôpital une infection nosocomiale (soit plus de 500 000 patients chaque année, http://www.inserm.fr/thematiques/im...) et que ne sont pas comptabilisés les échecs de la technique qui font que le problème soulevé n’est pas réglé (Jusqu’à 50/90 % d’échec pour la chirurgie de l’Obésité) ... Alors, on peut se poser des questions sur les suites d’un tel excès !

D’après Sciences et Vie la palme du surdiagnostic et de l’inutilité revient :
 aux opérations de la thyroïde (Avec un traitement à vie derrière, Et plus de 70% de surdiagnostics),
 au cancer de la prostate où selon Sciences & Vie, par intérêt financier, l’on traite 20% de trop de lésions "cancéreuses" qui n’auraient pas évolué,
 aux opérations du dos souvent superbement inutiles et régulièrement dangereuses !
 Aux 25% de césariennes de "convenance".

Sans parler du futur scandale des mammographies qui créent parfois les cellules cancéreuses qu’elles sont censées dépister, souvent sur-diagnostiquent (20%) et n’empêchent pas finalement la mortalité d’être la même que chez les femmes non dépistées !! (http://www.lexpress.fr/actualite/so..., http://www.docbuzz.fr/2012/01/24/12...) !

 Sont-ils devenus fous ?

Eux qui se prétendent scientifiques et raisonnables ? Quel ressort se met en route chez eux pour s’auto persuader qu’il n’y a pas de problèmes, pour être parfois hautains et méprisants envers les patients ou les confrères qui émettraient un doute ? ... Pour manier la peur et abuser de leur autorité bien trop souvent.... Quand en fait ils agissent en en faisant trop de peur qu’on leur disent qu’ils n’en ont pas fait assez !

Pourtant, ces patients, je les entends parfois me raconter leurs opérations et leur chute de Charybde en Scylla. Parfois me relater une intervention apparemment réussie mais qui a tellement déséquilibré leur corps qu’il craque ensuite de partout ...

Alors je pense à toute ces merveilles de la médecine complètement dévoyées parce que sorties de leur limites d’efficacité. Alors je pense à toutes ces souffrances qui pourraient être évitées en imaginant des solutions différentes, moins onéreuses, moins précipitées, plus ciblées. Alors je pense à cette pauvre sécurité sociale qui devient obèse et n’en peut plus (et très égoïstement à ma facture d’Urssaf et de RSI qui suit le même chemin !).

Mais 1/5 à 1/3 d’actes inutiles c’est plus que du "pas de chance", c’est une anomalie structurelle et non conjoncturelle dans le système ... Il est loin le "Primum non Nocere" d’Hippocrate car, on peut le dire la médecine tire ses progrès de ceux qui financent la recherche, médicaments, matériel d’imagerie,etc. Manifestement des compères qui se congratulent de tant de bonnes affaires ...

On pourrait trouver ces propos excessifs, pourtant les chiffres sont exacts et doivent amener une réflexion à tous les niveaux du système et de ceux qui en vivent, moi y compris, que fait-’on d’un tel taux d’absurdité ? Comment collectivement réfléchit-on à mieux faire ? Comment allier des techniques sachant gérer le fonctionnel (ostéopathie, etc ...) avant de sortir de son chapeau des actes parfois irréversibles ?

 Le patient ...

La réflexion doit aussi être celle du patient qui devra apprendre à retrouver une grande autonomie de décision en s’informant par plusieurs sources avant de simplement écouter un "spécialiste" qui ne sait faire rien d’autre que sa spécialité et proposera toujours à l’intérieur de son univers. L’exercice est réellement difficile pour celui qui est affaibli et veut retrouver la santé, mais il est nécessaire ...

Les techniciens de santé sont juges et parties et manifestement ne se démêlent pas de l’intrication des deux rôles, quand ils devraient savoir jouer les équilibristes.

Alors chacun d’entre nous doit redevenir acteur principal de sa santé, sans donner la direction des opérations aveuglément à un système qui s’est emballé pour des raisons qu’il nous faudra décortiquer dans les années à venir, sous peine de passer pour des grands affairistes pour la postérité.

 Et les vétérinaires ?

Longtemps, j’ai cru que le problème venait du remboursement des frais par le système de santé. Et que le monde animal et vétérinaire était épargné par cette inflation d’actes et de médicaments, ne serait-ce que parce que le client en dernier ressort voyait passer la douloureuse et ne pourrait pas suivre, mais les mutuelles sont passées par là et l’envie de coller à la grande sœur médecine humaine aussi.

Les vétérinaires aussi gèrent une entreprise pour laquelle ils travaillent du premier au 25 du mois et seuls les derniers jours font leur bénéfice, dans ces conditions le chiffre d’affaire reste une préoccupation et pas seulement la santé de l’animal qu’ils soignent. Même si cela est un non-dit, cela reste une réalité incontournable !

C’est ainsi que les dernières années et de plus en plus fréquemment, je fais face à des propriétaires ligotés, paralysés dans leur capacité décisionnelle effectuer ou laisser effectuer des traitements difficiles et incohérents qui se sont laissés embarqués dans des actes que je juge en mon âme et conscience complètement superflus, excessivement chers, voire mutilants.

Tel cheval quand même opéré d’un lavage du boulet quand manifestement cliniquement il était évident que le traitement antibiotique d’attente avait suffit à écarter une possible arthrite. Tel chien mis sous hormones thyroïdiennes alors qu’il ne présentait pas de symptômes francs d’hypothyroïdie, tel autre mis sous anti dépresseur pour un problème de comportement qui aurait pu être résolu de manière plus sensible, des traitements anti inflammatoires au long cours qui n’ont pas lieu d’être, des Symphysiodèses de chiots qui n’arrangent rien, des traitements antibiotiques au cas où sur des troupeaux entiers ...

Le monde de la santé vétérinaire serait-il aussi un cheval fou qui s’emballe ?

Pourtant, le fait pour le vétérinaire d’être le seul ayant droit en soins animal devrait imposer des devoirs de circonspection impératifs ...

 Que faire ?

La question pour moi est entière et devra être ouvertement posée, par le monde vétérinaire, par ceux qui soignent autrement, par les propriétaires eux mêmes qui doivent aussi récupérer leur autonomie de pensée et de décision face à un système qui parfois manque de résilience.

Ceci dit, je viens de lire qu’un vétérinaire anglais (Roger Meacock) qui avait entre autre osé sur son site Internet mettre en doute le côté scientifique de certains actes et médicaments vétérinaires avait été obligé de se rétracter pour ne pas nuire à la profession. La discussion risque donc de ne pas être à l’ordre du jour avant quelque temps.

C’est donc vers les patients et les propriétaires que je me tourne pour leur dire que ce sont eux qui doivent vraiment donner un vrai sens au "consentement éclairé" et arriver dans la mesure du possible à s’informer vraiment à plusieurs sources avant de s’embarquer dans des actes et des traitements qui ne seraient pas indiqués. Face à un Système dans l’ensemble très beau et très louable, performant de conviction et de persuasion avec de la "Science" plein la bouche, ils sont le maillon indispensable pour éviter les dérapages que Sciences & Vie décrit dans son article, que je pense régulièrement observer et que ce vétérinaire anglais pointe aussi du doigt ... (Entre autre avec un PDF du Dr Richard Horton dans The Lancet : http://naturalhealingsolutions.co.u...).

Une démocratie fonctionne avec des contre pouvoirs ( la presse ...) sinon elle n’est rien, la Science est peut être vérité, mais les scientifiques sont des hommes et la médecine sujette aux phénomènes sociétaux, il est donc nécessaire de pouvoir poser les bonnes questions et c’est là le rôle de chacun. Rôle auquel nous devons des maintenant nous attacher pour que les dérapages ne deviennent pas la norme à l’avenir.

A lire :
 de Jean-Pierre Thierry et Claude Rambaud : "Trop soigner rend malade" Albin Michel.
 voir aussi un article du figaro rapporté par William Addey : http://biblioboutik-osteo4pattes.eu/spip.php?article245



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